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L’hyperlipémie

L’hyperlipémie (ou hyperlipidémie) désigne une augmentation de la concentration dans le sang du cholestérol et/ou des triglycérides (ou triacylglycérols). La présence de ces graisses dans le sang est normale après les repas, elle devient une maladie lorsqu’elle persiste après 12 heures de jeûne.

A quoi servent et d’où viennent ces graisses ?

Le cholestérol et les triglycérides sont essentiels à un grand nombre de fonctions dans l’organisme. Le cholestérol entre notamment dans la constitution des membranes des cellules et la gaine autour des nerfs. Il sert également à la fabrication de certaines hormones et des acides biliaires. Le cholestérol est en grande partie fabriqué par le foie, le reste est apporté par l’alimentation.

Les triglycérides sont les constituants les plus abondants du tissu adipeux et sont une réserve d’énergie pour l’organisme. Ils sont également fabriqués par le foie ou fournis par l’alimentation.

Le cholestérol et les triglycérides ne circulent pas librement dans le sang, ils sont véhiculés par d’autres molécules dans des complexes appelés lipoprotéines. Elles sont dénommées chylomicrons, VLDL (very low density lipoprotein), LDL (low density  lipoprotein) ou HDL (hight density lipoprotein), ayant chacune une fonction et des caractéristiques particulières. Les chylomicrons transportent les lipides alimentaires absorbés dans l’intestin. Les VLDL et les LDL transportent le cholestérol et les triglycérides du foie vers les tissus périphériques. Les HDL transportent le cholestérol en excès des tissus périphériques vers le foie pour qu’il soit éliminé ou redistribué.

  • Chez l’homme, on parle parfois de « bon » cholestérol en désignant les HDL qui emportent les graisses vers le foie et le « mauvais » cholestérol par les LDL qui déposent les graisses dans les tissus et en particulier dans les artères.
  • Le métabolisme lipidique chez le chien est très différent : le cholestérol est majoritairement transporté par les HDL.
  • Contrairement à ce qui se produit chez l’homme, le phénomène d’athérosclérose (dépôts de lipides dans les artères) spontanée est exceptionnel chez le chien.

A quoi est due l’hyperlipémie ?

Une hyperlipémie à jeun est observée chez environ 14 % des chiens. Dans la grande majorité des cas, elle est secondaire à une autre maladie. Elle peut également être la conséquence d’une obésité ou d’un régime alimentaire trop riche en graisses.

Causes d’hyperlipémie chez le chien
Hyperlipémie

Hypercholestérolémie

Hypertriglycéridémie

Secondaire

Hypothyroïdie
Diabète
Syndrome néphrotique
Obésité
Pathologies hépatiques
Alimentation riche en cholestérol ou en graisses saturées
Variations hormonales du cycle œstral
Médicaments

Hypothyroïdie
Diabète
Syndrome néphrotique
Obésité
Hyperadrénocorticisme
Médicaments
Variations hormonales du cycle œstral

Primaire Décrite chez le briard et le Collie (rares)

Hyperlipémie idiopathique du Schnauzer nain
Hyperlipémie idiopathique

 

Quels sont les symptômes d’une hyperlipémie ?

Comme les hyperlipémies sont majoritairement secondaires à une affection métabolique ou endocrinienne, le chien présentera les symptômes liés à cette maladie.

L’augmentation des triglycérides circulants peut générer une douleur et une distension abdominale, de la diarrhée, des vomissements, des crises convulsives, une pancréatite, une augmentation de la taille du foie, des problèmes oculaires, un déficit cardio-vasculaire…

Une augmentation du cholestérol est beaucoup plus discrète : lésions oculaires de type lipémie rétinienne ou opacification de la cornée.

Il faut redouter une hyperlipémie persistante car elle peut entraîner une pancréatite et/ou l’apparition d’un diabète.

Comment faire le diagnostic d’une hyperlipémie ?

Le premier signe d’hyperlipémie est la turbidité du sérum. Après avoir réalisé une prise de sang, le tube est centrifugé, les cellules sont au fond du tube et le liquide surnageant est le sérum. Il est normalement limpide et devient trouble en présence de lipides.

Le dosage des triglycérides et du cholestérol quantifie cette hyperlipémie.

Valeurs de référence chez le chien sain

Cholestérolémie :<3g/L

Triglycéridémie :<1,5 g/L

Ces valeurs doivent être modulées en fonction de l’âge, du sexe et de la race (notamment chez le Schnauzer) qui peuvent faire beaucoup varier ces normes.

L’électrophorèse des lipoprotéines est un examen qui doit être réalisé dans un laboratoire spécifiquement vétérinaire. Elle est davantage utilisée pour contrôler l’efficacité du traitement.

Il est nécessaire de réaliser un bilan complet afin de rechercher les maladies à l’origine de cette augmentation des lipides dans le sang.

Comment traiter une hyperlipémie ?

Le traitement concerne dans un premier temps la maladie causale lorsque celle-ci a été identifiée. Les hyperlipémies secondaires sont généralement résolues s’il existe un traitement efficace de la maladie primaire.

Le principal risque des  hyperlipémies primaires étant la pancréatite, le but du traitement est de diminuer la concentration plasmatique en triglycérides. Pour cela, un régime à teneur réduite en lipides et élevée en fibres et distribué en quantité contrôlée est recommandé pour ces animaux. Pour les animaux souffrant d’hypercholestérolémie, principalement si celle-ci est supérieure à 5 g/L, un régime à teneur faible en lipides est également proposé pour réduire le risque d’athérosclérose.

L’efficacité du régime alimentaire est régulièrement contrôlée par des analyses sanguines.

La supplémentation en huile de poisson riche en acides gras oméga 3 lors d’hyperlipémie persistante malgré l’adaptation du régime alimentaire est bénéfique chez l’Homme (réduction de 31% des triglycérides circulants), cependant leur utilisation n’est pas totalement validée sur le long terme chez le chien.

Il semble que les agents médicamenteux hypolipémiants utilisés chez l’homme ne sont actuellement pas recommandés chez le chien car leur sécurité, leur efficacité et leur utilité n’ont pas été démontrées.

L’hyperlipémie chez le chat ?

L’hyperlipémie chez le chat est également très majoritairement secondaire à une maladie métabolique ou endocrinienne (hypothyroïdie ou hypercorticisme principalement) ou secondaire à une obésité ou un régime riche en matières grasses. L’hyperlipémie primaire familiale est aussi décrite.

Le chat est également un animal dont le cholestérol est majoritairement transporté par les HDL et souffre donc très rarement d’athérosclérose.

Le diagnostic et la prise en charge thérapeutique sont identiques.

Toute hyperlipémie persistante doit être énergiquement combattue étant données les complications potentielles qu’elle peut induire.